Définition de l’éco-conception : focus sur un concept très encadré et ses enjeux
De plus en plus d’entreprises adoptent une stratégie de développement durable pour réduire leur impact écologique. Le marketing s’est donc mis au vert, adoptant des termes de green marketing qui manquent parfois de transparence. Voici un point d’éclaircissement sur la différence entre les termes “démarche d’éco-conception” et “produit éco-conçu”.
L’éco-conception, qu’est-ce que c’est ?
Définition
L’éco-conception est un outil de l’économie circulaire, qui s’inscrit dans la stratégie globale des entreprises de diminuer leur impact écologique.
Afin d’englober toutes les dimensions de la conception d’un produit, l’éco-conception est une approche :
- multi-étapes : prenant en compte les diverses étapes du cycle de vie
- multi-critères : prenant en compte les consommations de matière et d’énergie ou encore les effets sur le climat et la biodiversité.
- multi-acteurs : incluant l’impact des fournisseurs et tout autre partie impliquée.
Un terme encadré
Le terme “éco-conception” n’est pas réglementé de façon stricte, ce qui crée un flou juridique. Certaines entreprises y voient une opportunité financière et créent des campagnes de green marketing excessives. Afin de limiter ces dérives, aussi qualifiées de greenwashing (ou éco-blanchiment), le terme “écoconception” tend à être davantage encadré, notamment par différentes directives européennes ou encore un protocole ISO 14062. Une veille de l’ADEME est également prévue.
Selon les directives de la commission européenne à ce jour, les critères d’éco-conception d’un produit sont:
- Le respect des standards : en terme de sécurité, de conformité et d’efficacité
- La transparence : sur les procédés de production, l’origine des matières premières et la composition du produit
- L’utilisation minimale et responsable de ressources
- La fabrication et la distribution en circuit court
- La durabilité dans le temps du produit
- La minimisation des déchets : lors de la fabrication et jusqu’à la fin de vie du produit (recyclabilité, réparabilité, optimisation des emballages)
- La prise en compte de la dimension ressources humaines (travail éthique, qualité de vie au travail)
La démarche
La première étape de la démarche d’éco-conception consiste à mesurer l’impact du produit sur l’environnement en suivant le protocole indiqué par la norme ISO/TR 14062. De l’extraction des matières premières jusqu’à sa distribution, toutes les étapes de vie du produit sont passées au peigne fin. Le produit doit être considéré dans sa globalité, en prenant en compte l’emballage, les consommables nécessaires à son fonctionnement (piles, recharges etc..), les pièces de rechange, et les éléments de promotion (courriers, publicités, etc.).
Cette analyse doit servir de socle à l’élaboration d’un plan d’action à long-terme et encourager une amélioration continue des procédés de fabrication.
L’entreprise va ensuite créer un cahier des charges qui respectent les nouveaux objectifs d’éco-conception. Ce processus favorise fortement l’innovation car il faut pouvoir répondre aux nouvelles exigences de respect de l’environnement sans compromettre les critères de qualité, de coût, de sécurité, ou d’efficacité. Cela demande d’imaginer des processus de production novateurs (allègement des matières, minimisation des emballages, designs repensés…).
Cependant, certaines entreprises mentionnent le terme éco-conception dans leur stratégie de communication mais vont se limiter à la phase d’analyse du cycle de vie de leur produit, sans s’engager par la suite à la modification concrète de sa conception.
Appellation Eco-conçu
Afin de proclamer que son produit est “éco-conçu”, l’entreprise doit aller bien au delà des exigences réglementaires. Par exemple, elle doit dépasser les standards attendus par la Loi Anti-Gaspillage pour une Économie Circulaire (AGEC) de 2020 qui rend obligatoire l’inclusion de l’éco-conception pour certains produits comme l’électroménager. De plus, elle doit avoir achevé la démarche d’éco-conception dans son entièreté et être en mesure de le démontrer en fournissant des éléments pertinents, significatifs et vérifiables, telles que:
- des informations sur le processus de fabrication du produit, sa composition exacte, les collaborateurs impliqués, les matières sélectionnées, les procédés utilisés…
- l’impact environnemental actuel du produit et l’ampleur de la réduction de cet impact grâce à la démarche d’écoconception.
En complément, des labels officiels comme l’écolabel européen, sont gages des efforts réalisés par les entreprises. Cependant, pour les plus petites entreprises, les labels sont parfois difficiles à obtenir, dû à leur coût financier élevé.
Des certifications privées sont aussi utilisées, comme le scoring Eco impact. Elles permettent de fournir une analyse objective du cycle de vie d’un produit.
Enfin, le positionnement prix d’un produit éco-conçu peut également être un indicateur car il se situe généralement dans un segment haut de gamme, associé à un investissement design, une qualité supérieure dans la sélection des matériaux, un savoir-faire assumé et de l’innovation.
En conclusion
La “démarche d’éco-conception” et le terme “produit éco-conçu” sont donc deux termes à nuancer. On peut dire du premier terme que c’est une démarche globale et sincère qui vise à améliorer les procédés de fabrication d’un produit afin qu’ils prennent en compte les piliers du développement durable tout au long de son cycle de vie. Les produits éco-conçus sont donc issus d’une démarche d’éco-conception complète et attestent d’un engagement profond de la part de l’entreprise.
Cheffe de projets et engagée pour la lutte contre le réchauffement climatique.